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Challenge perso en vélo

Challenge perso en vélo

VéloIl y a un moment déjà, j’avais tracé sur une carte le parcours reliant mon lieu de naissance à mon domicile. Un projet un peu fou mais réalisable. Et puis le temps passe, les priorités changent et on laisse de côté ce projet…

Fin de 2019, je finis la saison avec une pubalgie. Une fois soigné je dois me faire opérer du genou gauche. Après ma rééducation, le COVID-19 annule la plupart des compétitions. C’est alors que refait surface ce projet vélo de longue durée.

Après réflexion, il arrive à point nommé car sa dimension va prendre de l’ampleur. J’ai été blessé, cassé puis privé de sport, et bien soit, il est temps maintenant de prendre sa revanche. Remettre les pendules à l’heure, me relever plus fort et continuer d’avancer.

Caractéristiques du projet

La distance à parcourir en vélo

Le projet est donc de relier en vélo mon lieu de naissance à mon domicile :

  • Lieu de naissance : Nancy (54) ;
  • Lieu du domicile : Villemanoche (89) ;
  • Total = 280 kilomètres et 2376m de dénivelé positif.

Les conditions de réalisation

Le tout en totale autonomie et sans assistance durant le parcours. Je suis tout de même suivi à distance grâce au liveTrack de Garmin. Ainsi ma femme et quelques ami(e)s pourront me suivre et éventuellement me rejoindre.

Pour ce projet il me faut prévoir du matériel pour anticiper : le climat, l’alimentation, l’hydratation, les réparations, l’hygiène et les bobos.

Comment se rendre au point de départ ?

Pour me rendre là-bas je prends le train qui part de Sens vers la gare de Paris Bercy. De cette gare j’utilise mon vélo pour aller à la gare de l’Est. Et une fois arrivé à Nancy, j’utilise de nouveau mon vélo pour me rendre à un hôtel qui est proche de CHU de Nancy (très proche de mon lieu de naissance).

Le matériel

Un des points importants est donc de gérer le contenu du sac que je vais prendre pour cette expédition. Je me munis d’un sac de trail d’une capacité de 10 litres.

Alimentation et hydratation

Ce sac doit contenir de quoi me réhydrater et me nourrir le plus longtemps possible car je n’ai absolument rien géré sur les points d’arrêts. Donc pas de restaurants, bars ou autres. Je dois me débrouiller le plus possible et me servir de ce que je trouve d’ouvert au moment où je passe.

  • Le sac contient une poche à eau de 2 litres ;
  • J’ai également 2 bidons de 1,5 litre chacun ;
  • Cinq réserves de sucre dans des tubes à essai en plastique ;
  • Un gel pour me dépanner mais à éviter si possible.

La météo

Le choix doit être un samedi ou un dimanche avec une préférence pour samedi afin de me donner le temps de récupérer dimanche avant de reprendre le boulot. Ce jour-là il doit y avoir, si possible, un minimum de vent, un minimum de pluie, du soleil mais pas trop non plus.

Ce samedi 19 septembre 2020 :

  • Le vent est orienté sud/sud-est. Il est donc principalement de côté ;
  • La température est de 15 degrés le matin et 36 degrés maximum ;
  • La pluie est prévue mais avec un faible pourcentage de risque et pas sur l’ensemble du parcours. Compte tenu de la température, je ne devrais pas avoir froid ;
  • Une couverture nuageuse me préserve du soleil.

Ce samedi est donc une bonne journée. Je réserve les billets de train et l’hôtel jeudi soir pour le lendemain. C’est parti !

Équipement

En fonction de la météo il faut également prévoir les vêtements en conséquence, sans oublier l’équipement pour le voyage :

  • Cuissard court ;
  • Une paire de chaussettes ;
  • Un short ;
  • Une paire de jambières ;
  • Un coupe-vent étanche ;
  • Une paire de manchettes pour les bras ;
  • Deux t-shirts ;
  • Deux vestes à manches courtes ;
  • Une veste d’inter-saison sans manches. Pour me tenir chaud le matin du départ ;
  • Un gilet jaune pour manifester… euh non pour être bien vu ;
  • Trois bandes réfléchissantes. Une sur chaque cheville et une sur le bras gauche lorsque je signale un changement de direction qui nécessite de couper la route ;
  • Un casque ;
  • Une paire de chaussures pour le vélo ;
  • Un bonnet pour absorber la sueur ;
  • Un bonnet contre le froid ;
  • Une paire de gants, toujours s’il fait froid à cause de la pluie ;
  • Un compteur vélo ;
  • Une paire de chaussures pour me déplacer dans et entre les gares, à Paris et à l’hôtel. J’utilise des FiveFingers pour leur légèreté et leur facilité de rangement ;
  • Une batterie portative pour le téléphone et le compteur vélo ;
  • Papiers d’identité + carte de crédit + quelques euros en liquide ;
  • Une chambre à air ;
  • Un pneu ;
  • Une attache rapide pour la chaîne ;
  • Une pince d’attache rapide ;
  • Un dérive-chaîne ;
  • Deux démonte-pneus ;
  • Un masque pour le COVID-19 ;
  • Une pompe vélo ;
  • Deux cartouches d’air comprimé ;
  • Une lampe frontale ;
  • Une lampe arrière ;
  • Deux téléphones. Un qui permet le LiveTrack et un de secours.

Hygiène et bobologie

J’ai également prévu de quoi me soigner en cas de chute ou de piqûre mais aussi si je ne trouve pas de toilettes.

  • Un rouleau de papier toilette ;
  • Deux compresses ;
  • Une couverture de survie ;
  • Un flacon de désinfectant ;
  • Trois pansements de différentes tailles ;
  • Un cachet antihistaminique contre les piqûres ;
  • Un cachet anti-inflammatoire ;
  • Trois cachets purificateurs d’eau.

Le sac est rempli et fait 7,250 kilogrammes ! La forte probabilité de pluie (53% de risque) me contraint à prendre le nécessaire en cas de pluie ce qui a considérablement alourdi le sac.

Sac de trail

Tout est prêt pour le début de l’aventure

Tout d’abord l’aller

Sens – Paris

Ce n’est pas tout mais il faut d’abord aller à Nancy en train. Départ de la gare de Sens vers Paris Bercy. Jusqu’ici  tout va bien.

Sens-Paris

Gare de Bercy – Gare de l’Est

À Paris, pour aller à la gare de l’Est ce fut un peu plus compliqué de s’orienter avec mon GPS en mode voiture alors que je suis à pied ou en vélo de temps en temps mais j’y arrive quand même.

C’est ici que ça se complique sérieusement…

fivefingers

Paris – Nancy

En prenant mon billet pour le train entre Paris et Nancy, j’ai bien vu qu’il fallait que je paye pour le transport de mon vélo. Sauf qu’au moment de réserver le billet, aucune option ne me propose de déclarer mon vélo. Ce n’est pas grave, me dis-je naïvement, j’irai voir le contrôleur pour lui expliquer que je vais payer auprès de lui…

Il m’explique alors que le vélo doit normalement être démonté et dans une valise. Et que si l’option n’avait pas été proposée, c’est qu’il n’y a plus de place pour mon vélo. Fin de l’histoire je rentre chez moi…

Ouf, non, le contrôleur est compréhensif et sympa. Il a bien compris que je n’ai pas voulu frauder et me demande simplement de caser mon vélo où je peux et comme je peux de façon à ne déranger personne et qu’il va me demander 20€ de pénalité. J’accepte avec joie le deal !

Sans cette personne et son sens du relationnel tout était fini avant même d’avoir commencé. Je ne sais pas si un jour cette personne aura l’occasion de lire cela, et même si je l’ai remercié une tonne de fois, je lui adresse une nouvelle fois tous mes remerciements ici.

Rangement du vélo

Gare de Nancy – hôtel

J’arrive à Nancy, une ville que je connais déjà plus que Paris. Je mets le GPS en route même si je connais un peu le chemin car je n’ai jamais pratiqué le vélo à Nancy. Quelle agréable surprise de rouler dans cette ville ! Des pistes cyclables bien réalisées, pratiquement de la gare à mon hôtel. Alors certes, il y avait une belle côte, mais quel bonheur de rouler là-bas.

J’arrive enfin à l’hôtel, je me rafraîchis, me ravitaille et prépare le matériel pour le lendemain. Petit moment de panique, le support de fixation de ma lampe arrière est resté sur le VTT. Galère il faut que je réfléchisse… La solution est de retirer les cartouches d’air comprimé de leur support pour les mettre dans le sac et me servir de ce support pour fixer la lampe. C’est une réparation de fortune mais ça va tenir.

hôtel

Le challenge est en marche

Le réveil

4h15 le réveil sonne, toutes mes affaires sont prêtes. Je mange un peu, je m’hydrate correctement et m’habille. Dernière vérification du matériel et il est temps de partir. Il est 5h24 du matin, j’appuie sur le bouton « Start » du compteur qui doit me guider sur 280 kilomètres.

affaires ready

Petit-déjeuner

Pour mon ravitaillement je ne transporte que le liquide car je n’ai plus de place pour transporter le moindre aliment solide (hormis mon gel de secours). L’objectif ici est donc de repérer les boulangeries à chaque traversée de ville dès que j’ai faim.

Bingo, vers 7h30 j’ai un petit creux et au même moment je tombe sur une boulangerie. Troisième arrêt de la journée (le premier était un arrêt technique et le deuxième une confirmation d’orientation). Je prends un pain au chocolat et un Pavé Lorrain en pensant à Michel Aubriot qui est un spécialiste de ce type d’alimentation. Puisque je suis encore en Lorraine, c’est l’occasion d’essayer. Comme j’ai ma lampe frontale sur le casque j’ai de la place pour pouvoir ranger le pavé dans mon sac et je mange tout de suite le pain au chocolat en roulant.

boulangerie

Je marche roule seul

Le tracé du parcours est très bien car je suis rarement sur des routes fréquentées et donc sans danger (ou très peu). Je suis tellement loin de toute circulation que parfois je me demande même s’il y a de la vie ailleurs. Pas un bruit autour de moi, je n’entends que mon souffle. J’avais peur que cela me paraisse long mais le fait d’être vraiment seul sur des routes inconnues et loin de tout me pousse à être vigilant en permanence. Je n’ai donc pas le temps de m’ennuyer entre mon alimentation, mon hydratation et ne pas me perdre, j’ai de quoi occuper mon esprit. Pour passer le temps aussi, je fredonne quelques airs de musique et discute avec les vaches que je croise…

Je vous passe le détail de chaque arrêt technique ou lorsque je dois faire le plein de mes bidons d’eau dans les cimetières. Lorsque j’ai énuméré le nombre de mes arrêts avec Cédric il est arrivé à la conclusion que je me suis arrêté en moyenne toutes les 30 minutes pendant 2’30 » de moyenne également.

seul

La Haute Marne

En passant le panneau de bienvenue en Haute Marne j’aperçois au loin des nuages que je connais bien. Il y a de la pluie devant moi et je vais droit dessus. Cela n’a pas loupé, j’ai donc passé une heure sous la pluie mais comme prévu, c’est une pluie chaude qui demande juste un imperméable pour se protéger. Même pas besoin de gants ou autre équipement pour se tenir au chaud.

pluie

Un sac de trail c’est pour le trail

L’idée est bonne pour transporter beaucoup de choses mais un sac de trail sur le vélo sur une longue distance ce n’est pas vraiment l’idéal. Comme on est légèrement penché en avant sur le vélo, le poids du sac pèse sur votre dos. Pour résister à ce poids les bras forcent beaucoup plus pour maintenir une bonne position. Sans compter les bretelles sur les trapèzes. Je peux vous assurer que durant ce périple j’ai plus eu mal aux épaules qu’aux jambes. Pour ce type d’aventure il est préférable d’avoir des sacoches sur le vélo, c’est une certitude.

pose

Vive les pommiers

Désormais je reconnais un pommier à 5 kilomètres ! Comme je n’avais rien de solide pour m’alimenter et comme j’avais tout mangé (mon pavé Lorrain et un croque-monsieur) je surveille chaque arbre pour apercevoir la présence de fruits. Par chance j’ai croisé deux vergers. J’ai pu m’arrêter pour manger des pommes et elles étaient délicieuses.pommiers

En terre connue

J’approche de la Chapelle-sur-Oreuse et je commence à voir des panneaux avec des noms de villes que je connais, c’est bon signe, j’approche de la maison. Mais je suis bientôt à sec et pas moyen de tomber sur un cimetière pour faire le plein d’eau.

Heureusement Laurent me rejoint pour faire un bout de chemin avec moi. (Laurent est l’une des quelques personnes qui ont reçu le tracé du parcours pour éventuellement me rejoindre s’elles le souhaitaient). Sa présence me fait du bien car je peux discuter avec quelqu’un et cela me change les idées. Il me servira également de porteur de bidons si je ne trouve pas un moyen de me ravitailler car il a un bidon encore plein d’eau. C’est rassurant mais au final je trouve un cimetière pour le plein. Nous ne sommes pas très loin du but mais j’ai vraiment soif.

accompagnement

Dernière ligne droite

Pour les derniers kilomètres Laurent me protège du vent  qui est de face. Nous arrivons à destination très très fiers d’avoir accompli ce défi personnel. Le bilan musculaire est bon puisque je ne ressens que de la fatigue générale (hormis dans les épaules). Ma préparation a donc été bonne avec l’aide de Nolio car je mets en pratique ma méthode de coaching sur moi aussi.

Gestion de l’effort à vélo

J’ai beaucoup utilisé le RPE pour gérer mon effort avec l’aide également du capteur de puissance pour confirmer les sensations. L’objectif était d’être en RPE 2 sur le plat, en RPE 3 vent de face et maximum en RPE 4 dans les côtes. Donc pour résumer je suis resté en endurance sans jamais essayer d’accélérer même si je me sentais très bien.

Remerciements

Toutes les personnes avec qui j’ai partagé des entraînements et qui m’ont aidé dans ma préparation.

Ce contrôleur de train qui aurait pu tout stopper.

Mon responsable, Rodrigue L. pour son soutien.

Les athlètes CACTUS Performance qui ont pu suivre de loin ma progression. Merci pour vos messages.

Merci à la vie de m’avoir blessé et cassé car je sais désormais où sont mes faiblesses et je me suis renforcé. Je n’avais jamais roulé aussi longtemps seul et aussi vite.

Et merci à ma Caroline qui était à l’affût du moindre soucis et qui était prête à sauter dans la voiture pour venir me secourir.

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