Chtriman 226
Voici mon deuxième principal objectif de la saison 2022, le Chtriman 226. C’est un triathlon aux distances Ironman et sur cette épreuve je compte bien battre mon record personnel. Celui-ci est de 10h37’32 » réalisé en 2017 sur le Frenchman.
Le parcours natation est bien en ligne droite. Le circuit vélo relativement plat. Et le marathon se fait en quatre tours, ce qui permet d’avoir beaucoup de repères et d’encouragements. Je suis également en super forme (hormis toujours ma tendinose au tendon d’Achille droit).
La météo est annoncée avec une température de 24 degrés dans l’air et 21 degrés dans l’eau. Tout ceci est très bien.
Ce qui est moins bien c’est le vent et surtout la modification du parcours qui est annoncée deux semaines avant le jour « J ». Tout d’abord le vent est assez fort et les rafales encore plus. Et le nouveau parcours comporte des bosses à plus de 18% ce qui rend le circuit beaucoup moins roulant que prévu. Je dois donc changer la cassette de ma roue arrière pour me permettre d’avoir un développement adapté à ce nouveau profil.
Le départ est à 7 heures et ils sont ponctuels. Pendant le briefing, je commence mon échauffement à sec. Puis cinq minutes avant le départ j’entre dans l’eau pour peaufiner la montée en température. Même si c’est un Ironman je ne compte pas partir en endurance mais bel et bien rapidement.
Départ du Chtriman 226
Je me place sur la deuxième ligne et en attendant le coup d’envoi un triathlète se place devant moi à la dernière seconde. Un événement qui ne me dérange pas en temps normal car ce sont souvent des bons nageurs qui font cela…
Le départ est donné, je plonge la tête dans l’eau et je pars très vite. Malheureusement le nageur qui s’est placé devant moi n’est pas du tout un bon nageur. Il démarre en brasse ! Ma tête se retrouve entre ses jambes au moment où il réalise son ciseau de brasse et là c’est le drame. Je reçois un énorme coup de talon dans l’oreille gauche. Déjà que j’ai des acouphènes dans cette oreille mais là je perçois comme un chant de sirènes hurlantes et je me sens glisser à la limite du K.O.. Fin de course pour moi…
Heureusement non, mes bras continuent de tourner et je respire encore normalement. Pendant les 800 premiers mètres j’entends comme des hurlements dans l’oreille et je ne peux pas respirer à gauche sinon l’eau fraîche me fait mal. J’ai clairement un problème dans cette oreille mais ça ne m’empêche pas d’avancer donc on verra plus tard.
Le reste se passe sans encombre, d’ailleurs au Chtriman, il y a des câbles sous l’eau pour relier les bouées entre elles et cela favorise l’orientation. Il suffit de suivre le câble. Cela explique pourquoi le tracé est parfait concernant mon orientation mais pas pourquoi j’ai explosé mon record de vitesse sur 3800 mètres…
Transition 1
Je sors de l’eau et je vois 52 minutes de nage. C’est tout simplement trop beau pour être vrai. Effectivement il manque 800 mètres donc normalement je devais nager en 1h05′, soit 1’44″/100m.
La sortie de l’eau est glissante mais les bénévoles sont là et très costauds, je suis littéralement propulsé hors de l’eau.
Je rejoins mon vélo sans problème, enfile ma ceinture porte-dossard, pose mon casque sur la tête et je pars avec mon vélo. Les chaussures sont déjà à moitié accrochées sur les pédales. Je dis à moitié car j’ai oublié d’apporter des élastiques pour maintenir les chaussures à l’horizontale. Ce n’est pas grave mais moins pratique.
La ligne qui délimite le parc vélo et le parcours vélo est passée et je monte sur en selle. Je pose mes pieds sur les chaussures pour réaliser quelques tours de pédales afin de prendre de l’élan et j’enfile mon pied droit dans la chaussure… gauche. Zut, que s’est-il passé ?
Il s’est passé une chose que je ne savais pas possible. J’ai clipsé ma chaussure droite sur la pédale de gauche et bien sûr la chaussure gauche sur la pédale de droite. Dans la mesure où les cales possèdent un repère droite/gauche, je ne pensais pas qu’une cale droite pouvait se clipser sur une pédale de gauche. Eh bien, comme moi, vous le savez maintenant. Bon là pas le choix, je m’arrête pour repartir avec les bonnes chaussures sur les bonnes pédales.
C’est la première fois que je me retrouve avec autant de nouveautés sur une course. Un coup de pied sur la tête et les chaussures inversées. Que va t-il se passer encore aujourd’hui…
Circuit vélo du Chtriman
Premier tour
Pour vous expliquer le parcours vélo du Chtriman je vais utiliser l’analyse des données de Nolio.
Le circuit fait 2 boucles de 90 kilomètres. Les 45 premiers kilomètres sont vent dans le dos avec toutes les principales bosses dont celles à plus de 18%. Et le retour se fait donc vent de face. Par conséquent, quelque soit le moment il y a une difficulté.
Les 45 premiers kilomètres tout va bien jusqu’aux bosses que je passe avec trop de puissance. Je ne dois pas dépasser les 210 watts de puissance ajustée et 22 N.m de couple. Ci-dessus on voit que je suis à 221 watts et 25 N.m.. Pourtant comme le montre la photo ci-dessous, sur le plat j’étais dans ma zone de puissance. Le braquet choisi n’était donc pas bon, même sur le plat. J’aurais dû mettre une dent de plus pour mouliner un peu plus.
Vous vous dites peut-être que 25 et 23 N.m ce n’est finalement pas beaucoup plus mais à 25 N.m je déplace 0,440 kg à chaque tour de pédale. Soit 2994,64 kg de charge totale. Si j’avais respecté les 22 N.m j’aurais eu une charge de 2632,9 kg soit 361,74 kg de trop sur le premier aller et sur le retour j’ai une charge supérieure de 119,64 kg soit un total de 481,38 kg sur seulement 90 kilomètres. Une fois qu’un muscle est fatigué c’est impossible qu’il récupère surtout quand celui-ci doit produire de la force, même minime. Si besoin, je peux vous donner le détail des calculs. Laissez-moi un commentaire pour cela.
Voyant cette erreur et constatant que le vent se lève avec force et de face pour le retour, je décide de rouler moins fort. Cela donne 210 watts et 23 N.m ce qui est mieux mais pas parfait.
Anecdote
Au kilomètre 80, j’ai le nez dans le guidon pour optimiser l’aérodynamisme sur une route peu large donc coupée à la circulation. Et là je vois une peinture au sol qui indique un danger. C’est un nid de poule. Rectification, c’est un cratère de poule. Quand on a la tête dans le guidon et quand on voit ce genre d’indication, il est trop tard. Je prends de plein fouet le trou et là je me dis : les deux roues sont H.S. donc course terminée…
Eh bien non ! Car heureusement j’ai roulé deux fois avec un ami (Cédric tu te reconnaîtras) durant ma préparation ; et durant ces deux sorties j’ai crevé. Une fois à cause d’un trou ou d’une bosse, on ne sait pas trop, on allait trop vite. J’en ai déformé légèrement la jante de la roue avant, c’est vous dire le choc. Et la deuxième fois c’était sur une route avec beaucoup de terre et de cailloux. Au Chtriman il y a tout ça. Eh bien je suis prêt car les réparations et les renforts que j’ai placés sur mes roues m’ont sauvé.
Ces protections feront l’objet d’une vidéo donc inscrivez-vous à ma chaîne Youtube pour ne pas la louper.
Second tour
Pour démarrer le second tour je décide de profiter du vent dans le dos pour réellement limiter la casse et, comme vous le voyez, je suis à 195 watts et 22 N.m donc là c’est bien sauf que le mal est fait.
Je le ressens sur le retour. D’ailleurs je prends le temps de dérailler aussi, juste avant d’attaquer la dernière grosse difficulté au kilomètre 130.
Avec l’expérience, une bonne gestion de mon hydratation et de mon alimentation, qui se voit avec les données de « Glucose de Supersapiens« , je suis systématiquement au-dessus de 90mg/dl. J’ai donc tout le temps du glycogène à disposition pour mes muscles mais les 90 premiers kilomètres à plus 22 N.m ont trop fatigué mes muscles.
Et mon oreille gauche
Tout au long des 180 kilomètres un liquide coule de mon oreille. Je n’arrive pas à déterminer si c’est du sang ou un liquide cicatriciel. Je n’entends pratiquement plus rien de l’oreille gauche mais comme je n’ai pas d’étourdissement ou envie de vomir c’est que ça va.
Transition 2
Cette erreur sur la gestion de la force, je la sens dès que je pose les pieds au sol. Je suis en forme mais les jambes sont lourdes et molles. Il va falloir faire avec et surtout je mesure que le vent m’a fait perdre trop de temps. Il faut que je coure à mon meilleur niveau pour battre mon record mais avec ces jambes fatiguées j’ai un doute.
Ce n’est pas grave, alors je m’équipe en prenant soin de me remettre de la crème solaire et je pars en oubliant mes lunettes de soleil. Décidément aujourd’hui je suis tête en l’air.
Le marathon du Chtriman 226
Le premier tour se passe finalement relativement bien malgré la fatigue musculaire même si je sens que ça ne va pas durer.
Au deuxième tour je commence à perdre beaucoup de vitesse dans les deux faux plats montants et surtout je ressens des difficultés à courir plus vite dans les descentes. Conclusion, ma vitesse moyenne baisse.
Durant le troisième tour le vent est encore plus fort soulevant des nuages de poussières. L’hydratation est primordiale, je n’hésite donc pas à m’arrêter sur les ravitaillements pour prendre le temps de m’asperger et boire correctement. Ma vitesse moyenne chute encore un peu à cause de ces arrêts.
Enfin au dernier tour je cours à moins de 8 km/h dans les faux plats montants. Je décide donc de marcher. C’est moins rapide c’est certain mais beaucoup moins énergivore. J’ai de plus en plus de mal à relancer les jambes pour la course après les ravitaillements. C’est bien dommage car ma glycémie est toujours bonne. Il me reste 200m et j’entends Caroline au micro d’un des speakers. Elle m’encourage au loin alors je cours pour le grand final.
Finisher du Chtriman 226
Je finis avec le sourire car j’ai tenté ma chance du mieux possible pour battre mon record. Une nouvelle fois je confirme que je maîtrise mon alimentation et mon hydratation puisque je ne finis pas épuisé. Je dois encore améliorer ma gestion de course en vélo en utilisant le bon braquet dès le départ.
Petit tour au poste de secours
Pour me rassurer je vais voir un médecin pour contrôler l’état de mon oreille. Il me confirme qu’il y a eu saignement tout au long de l’épreuve mais le tympan va bien. C’est juste gonflé et je vais devoir être patient pour que l’inflammation se résorbe.
Remerciements
C’était mon 13ème Ironman et je dois bien avouer que la qualité d’accueil, la prestation et la sécurité de toute l’équipe d’organisation est très bien. Il y a bien sûr cette erreur de 800m en natation mais hormis cela tout est bien. Je tiens donc à remercier tout le monde pour cette belle journée.
Merci également à toutes les personnes qui m’ont envoyé des messages d’encouragements avant, pendant et après l’épreuve.
Un merci tout spécialement à mes partenaires d’entraînements qui m’ont aidé dans ma préparation à savoir Louison et Cédric.
Un énorme merci à ma Caroline qui a pu me suivre en natation et ça c’était nouveau. En course à pied les 4 tours permettent un excellent suivi et pour le soutien moral c’est top. Le tout équipé d’un sac d’hydratation avec de quoi manger et un appareil photo. Elle a réalisé une randonnée photos de plusieurs kilomètres.
Je vous recommande vivement le Chtriman mais attention il faut aimer le vent et désormais il faudra compter avec des côtes à plus de 18%.