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Finisher de l’Embrunman 2015

Embrunman 2015Je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu mais que ce fut dur !

H-12, le bilan météo :

Nous sommes à quelques heures du départ et avec mes amis du club du J3 triathlon d’Amilly nous regardons très très régulièrement la météo. Ce facteur devient d’une importance capitale car à Embrun les conditions météorologiques changent rapidement alors, toutes les dix minutes, nous réactualisons les pages météo que nous avons trouvées afin de comparer, extrapoler et anticiper au mieux la façon dont nous allons pouvoir gérer nos tenues de course. Le bilan que nous avons fait de toutes ces infos est qu’il ferait relativement beau le matin, que le ciel se dégraderait au fil du temps pour se mettre à pleuvoir à 40% de chances entre 13h et 14h et à 57% de chances entre 14h et 15h. Ensuite il y aura une accalmie jusqu’à environ 20h pour ensuite proposer des alternances de petites pluies et de soleil.

Comment s’habiller ?

En natation :

Après de multiples débats et consultations entre nous, je décide de ne pas mettre directement ma trifonction sous ma combinaison afin de partir en vélo avec des vêtements secs. J’aurai tout de même un T-shirt et un short de bain afin de m’aider à maintenir une bonne température. Les lunettes auront des verres clairs car à l’évidence, il n’y aura pas beaucoup de soleil et de toute façon, compte tenu de l’estimation de mon chrono, des verres anti-soleil m’auraient plus handicapés, surtout avec un départ à 6h.

En vélo :

Pour le vélo j’aurai un bandeau sous mon casque pour me protéger du froid et de la pluie, des lunettes avec des verres clairs aussi, une trifonction relativement épaisse avec un cuissard de cycliste en plus (pour le confort), une veste d’automne sans manches, des manchettes, un coupe-vent dans la poche dorsale de la veste, des gants fins mais étanches à 100% dans les poches costales et pas de chaussettes pour éviter qu’elles ne prennent l’humidité et qu’avec le froid qu’il y aura en haut de l’Izoard, je me retrouve les pieds congelés. La question des sur-chaussures aurait pu être posée pour justement éviter d’avoir froid aux pieds, mais je ne suis pas très frileux des pieds et de toute façon je n’avais pas pris ce type de protection (je n’avais pas pensé qu’il ferait aussi mauvais ce jour là).

Pour la course à pied :

À pied je décide que je me changerai intégralement. Nouvelle trifonction, plus fine cette fois-ci, une casquette visière, une ceinture porte bidons (deux bidons) et là encore pas de chaussettes (mes pieds sont désormais en mesure de supporter un marathon sans cet artifice que sont les chaussettes).

Ravitaillements personnels :

L’organisateur nous propose la possibilité de disposer de deux ravitaillements personnels. Un en haut de l’Izoard et un au passage du semi-marathon. Je décide de les utiliser tous les deux. Dans le sac qui m’attendra à l’Izoard il y aura quelques feuilles de papier journal pour me protéger du froid durant la descente, trois bidons pour renouveler entièrement ceux que j’aurais consommés et un sachet contenant du gâteau sport car je pense que j’aurai faim arrivé en haut. Dans le sac qui sera disponible au semi-marathon, il y aura juste un peu de gâteau sport pour regarnir le contenu de ma ceinture porte bidons qui possède également une poche pour des aliments solides.

Derniers préparatifs du vélo :

Nous prenons notre dernier repas puis je prépare mon vélo. L’autocollant que l’on doit fixer sur la tige de selle m’oblige à déplacer mes cartouches de gaz sur le tube de selle. Celles-ci se trouvent alors très proches de la roue arrière… J’équipe également mon casque des autocollants qui portent mon numéro de dossard (numéro 756) et le vélo est prêt.

Préparation des rations hydriques et solides :

Je m’occupe ensuite de mes bidons à raison de 25g de palatinose, 10g de dextrose, une pincée de sel et quelques gouttes de citron / litre. Je prépare l’équivalent de 4 litres au total plus 1 litre d’eau pure. La répartition hydrique se fait comme suit :

  • 2 * 750ml de bidons énergétiques directement sur le vélo + 500ml d’eau ;
  • Idem dans le sac de ravitaillement pour l’Izoard ;
  • 2 * 500ml dans mes bidons de la ceinture pour la course à pied.

Bien sûr, tout au long de la journée j’utiliserai également ce qui est proposé aux ravitaillements pour compléter ou pour économiser ce que je transporterai déjà.

Niveau hydrique c’est fait, reste l’apport solide qui sera, quant à lui, constitué essentiellement d’un gâteau sport personnel, testé et approuvé après plusieurs heures d’entraînement. Ce gâteau, je l’avais préparé avant d’arriver à Embrun. Voici la répartition des morceaux :

  • 8 morceaux sur le vélo (dans un sachet étanche) ;
  • 8 autres morceaux dans le sac pour l’Izoard ;
  • 6 morceaux dans la ceinture de course à pied ;
  • 6 autres dans le sac de ravitaillement qui sera au semi-marathon.

 C’est l’heure de l’Embrunman

En route pour le départ :

3h15, le réveil sonne ! Après seulement 4h15 de sommeil je me réveille sans problème. Je suis en pleine forme. Une heure plus tard, le petit déjeuner est englouti et nous voilà en route pour Embrun. Arrivé au parc je retrouve mon vélo comme je l’avais laissé à savoir couché au sol comme le souhaitait l’organisateur. En effet, en raison des prévisions météos qui annonçaient de fortes rafales de vens avec pluie dans la nuit de vendredi à samedi, il nous avait demandé de coucher les vélos au sol pour réduire la prise au vent et ainsi éviter que toutes les barrières ne chutent. 5h15 tout est en place, j’embrasse ma femme une dernière fois avant le coup de corne de brume puis avec Thierry nous nous dirigeons vers le couloir qui mène au départ natation. Raphaël a préféré rester en arrière car selon lui son niveau ne lui permet pas d’être avec nous… Le départ des féminines est à 5h50 et pendant ce temps d’attente je tente de m’échauffer les épaules et de faire monter un peu les pulsations cardiaques. Nous sommes tous serrés les uns contre les autres et l’un d’entre nous ne trouve rien de mieux que de chanter la chanson de Patrick Sébastien « Les Sardines ». Me voilà avec cette musique dans la tête. J’espère qu’elle partira avant le départ… 6h moins quelques minutes, nous frappons tous dans nos mains, des frissons me gagnent, je me sens bien, à cet instant je sais que je suis définitivement prêt. 6h, le signal est donné et nous nous élançons tous tel un seul homme dans la nuit et une eau à environ 16°C. C’est un peu la bagarre pendant 800m mais ensuite cela se calme et je peux nager sans gêne. Nager de nuit ne me prose pas de problème et je trouve même que ce n’était pas assez obscur, je pouvais facilement discerner les bouées ce qui fait que je me suis relativement bien orienté. Bilan de cette épreuve de 3800m -> 1h03’10 ». Je suis satisfait.

Transition n°1 :

Comme prévu je me change entièrement. Avant de partir j’aperçois Thierry arriver à son emplacement, je l’encourage mais il est 4 rangées plus loin et ne m’entend pas. Ma femme est là et me prend en photo autant qu’elle peut. On se reverra à l’Izoard j’espère. Il est temps de partir pour 188 kilomètres.

L’Embrunman se déchaîne sur le la partie cycliste :

Mieux vaut avoir le bon braquet sur la partie cycliste de l’Embrunman et ce dès le départ, car on attaque par une côte et ça monte sur plusieurs kilomètres. Cela a le mérite de bien me réchauffer. La première montée se passe bien mais la descente un peu moins. En effet, en roue libre, ma roue arrière émet des vibrations. Le mécanisme n’a semble-t-il pas apprécié la position couchée du vélo avec de la pluie qui lui tombe dessus une partie de la nuit. Quelque chose ne va pas et pour remédier temporairement au problème je dois continuellement pédaler, même si je ne suis pas en prise, je dois tout de même tourner les jambes. Ce n’est pas trop grave et je m’accommode rapidement à ce petit exercice. À la fin de la descente, je passe sur le pont qui mène à Savines le Lac et là deuxième problème mécanique ! Ma roue arrière se bloque brusquement. Je m’arrête calmement et recherche la panne. Rappelez-vous de la modification que j’avais effectuée concernant mes cartouches de gaz. Le système de fixation de ces cartouches vient de se desserrer  et les cartouches sont bloquées entre le tube de selle et le pneu arrière. Je débloque l’ensemble et range les cartouches dans mes poches, puis repars. Je reste calme mais j’espère sincèrement que cela va s’arrêter là, je ne suis pas venu ici pour rencontrer que des problèmes mécaniques alors que durant mes entraînements rien tout cela ne s’est produit. Les kilomètres défilent et je reste très prudent, je contrôle sans cesse ma fréquence cardiaque (pas plus de 162 pulsations par minutes, jamais !). Je débute l’ascension de l’Izoard en compagnie de la pluie qui commence à tomber tranquillement. Quelques kilomètres plus loin je décide de m’arrêter pour mettre mon coupe-vent. La pluie s’intensifie et avec elle le froid, normal, à près de 2000m d’altitude les températures chutent. Il me reste 5,5 kilomètres avant le sommet et aussi soudain qu’imprévisible je ressens une profonde lassitude de l’effort. Ce n’est pas le moment pourtant, le dénivelé augmente et je dois avoir la pleine faculté de mes moyens pour arriver en haut, mais rien n’y fait, alors je m’arrête de nouveau. Il temps de profiter et de ce rappeler pourquoi je suis là, je regarde ce magnifique paysage, je bois, je mange, je vidange, je profite du spectacle, je ne sais pas combien de temps je me suis arrêté, mais une chose est sûre, je repars plus fort. Je n’avais qu’une envie c’est d’arriver au sommet et pouvoir revoir ma femme. Ouf, j’y suis et elle là. Je mange et bois de nouveau. J’utilise mon sac de ravitaillement personnel et je vois une bouilloire. Y aurait-il une boisson chaude. Un homme me répond : « Mais oui monsieur, je vous sers un thé chaud ? » Ce n’est pas un mais deux thés que j’ai pris et il me fallait bien ça vu les trombes d’eau qui tombaient à ce moment là. C’est pas ça, mais je dois repartir, j’enfile le papier journal sur mon torse et mon ventre, adresse un dernier signe à Caroline et je reprends la route dans le sens de la descente. Je n’ai qu’une chose à dire durant ces longs lacets : j’ai freiné de toutes mes forces et j’ai également grelotté de tout mon corps (sauf des pieds). D’habitude c’est reposant les descentes mais pas à cet instant et pour clôturer ce retour à une altitude où la température est plus clémente, la grêle fait son apparition ! Je n’y crois pas, je vais connaître les quatre saisons en une seule course. Fort heureusement ça ne dure pas très longtemps. Je reprends mon petit rythme qui me conduit au pied de la côte de Pallon, redoutée et redoutable : je suis concentré sur mon effort. Nathalie et Olivier sont là pour m’encourager et finalement l’ascension de cette méchante côte se passe bien. Il ne me reste que 46 kilomètres et je sens que ma boisson énergétique ne passe plus. Ce n’est pas grave, c’est que je dois avoir assez d’énergie, seul mon gâteau sport associé à de l’eau passe bien. Kilomètre 160, nouveau coup de moins bien. Nouvel arrêt et j’applique alors la même procédure que la première fois mais plus rapidement. L’effet est immédiat : l’envie revient et je repars de plus belle. À ce moment, je sais qu’il ne me reste plus qu’une seule grosse difficulté : le Chalvet. J’avais repéré cette bosse dans la semaine et je l’avais gravie avec quelques dents de réserves, je me doutais qu’avec la fatigue je serais sans doute obligé de tout mettre à gauche mais je suis prêt. Au pied de cette dernière bosse il me reste 8 kilomètres. Je la monte non sans douleurs mais sans réelle difficulté non plus. Ouf c’est fini, je descends sur Embrun et pose le vélo. Mes jambes sont raides mais je m’efforce de courir pour très vite délier tout ça.

Transition n°2 :

De retour dans le parc vélo, je m’assois et prends mon temps pour préparer mes prochaines affaires. Je me change intégralement comme prévu et je me sens relativement bien. Disons que je sens mes jambes fatiguées mais d’une façon générale je ne me sens pas exténué et cela me permet de partir sans crainte, sans avoir besoin de me donner un coup de pied aux fesses.

À moi le marathon :

Alors c’est parti pour 42,195 kilomètres ! Je pars sur un petit rythme (9,5km/h environ) celui que j’ai appris à avoir lorsque je m’entraîne avec Caroline et qui m’a aidé bien des fois lorsque je n’avais plus de jambes pour courir. J’ai maintenu ce rythme environ 4 kilomètres et comme par magie, l’effet recherché se produit, je vois le compteur de vitesse monter et me voilà à 11,5km/h. Voilà ma nouvelle allure et elle me satisfait pleinement. Ma tactique de course est désormais très simple : je marche dans les côtes, je cours sur le plat et j’accélère dans les descentes. Bilan, 2h07′ au passage du premier semi-marathon. Je prends mes dernières rations de gâteau sport et je reprends la même route pour un deuxième tour. Sur le passage de la digue, je croise Thierry. Il est en forme, il court bien droit, son regard est clair, je le sens bien, et cela me donne un formidable élan à un moment où la fatigue devenait pesante. Nous nous encourageons mutuellement, c’est magnifique. Quelques minutes plus loin, c’est Raphaël que je croise. Je marche dans la montée, il est donc forcément en descente et il court ou plutôt il me semble le voir sprinter. Il est super bien aussi. Nos encouragements se passent à vitesse grand V tellement il va vite. C’est tout simplement génial, nous allons finir cette course dans un mouchoir de poche. Jusqu’au 37ème kilomètre, mon deuxième tour est une copie conforme au premier si ce n’est que j’ai été un peu moins vite. J’attendais avec impatience ce 37ème kilomètre car il y a une immense descente et je m’étais donné ce point précis pour jeter mes dernières forces dans cette épreuve afin de finir en beauté et à fond. Pourquoi finir aussi vite ? Au fond de moi je voulais adresser un message à cette épreuve mythique qui nous a envoyé le froid, la pluie, la grêle, le vent et le soleil. Je voulais lui dire : « Tu vois Embrunman, tu as voulu nous faire abandonner en élevant la difficulté juste ce jour là (2 jours avant il faisait beau et le lendemain il fera beau), tu as voulu nous fatiguer et nous mettre à l’épreuve, alors regarde-moi, je peux encore accélérer et je finirai au sprint ! ». La suite se passera exactement comme ça. Sur la digue je croise les épouses des mes amis qui m’encouragent, je lève déjà mes bras en signe de victoire. Un peu plus loin c’est au tour de Caroline de m’encourager et j’accélère de plus belle. Je tiens quand même à préciser que je n’étais qu’à environ 13,5km/h, raconter comme ça on a l’impression que je cours plus vite mais rassurez-vous, cela est très abordable comme vitesse. Il me reste le tour de la digue et je peux enfin voir la ligne d’arrivée que je franchis rempli d’une joie immense. Ma femme est là, je l’embrasse, je lève les bras, je saute de joie puis je profite de cet instant.

Les bénévoles

J’adresse un message aux bénévoles de cet événements. BRAVO ! Accueil super, gentillesse, attentionnés, serviables… Pour la petite histoire, lors de mon arrivée au parc vélo, je me déplace péniblement clopin-clopant (pour moi je courais mais ça ne devait pas ressembler à de la course) et je croise dans une des allées principales deux jeunes femmes qui m’encouragent et qui me proposent un massage. Sur le coup je pense à une blague et ça me fait bien rire car visiblement je devais avoir une sale tête et mon attitude physique devait faire penser que j’en avais bien besoin. J’arrive à ma place et alors que je commence à me changer, un monsieur cette fois-ci vient vers moi et me demande exactement la même chose. Très surpris je le regarde et lui demande de me confirmer si ce n’est pas une blague. Il confirme, ni une ni deux, je lui demande de me masser les trapèzes qui étaient complètement raides après tous ces freinages dans les descentes sur routes mouillées. Je ne compte pas le nombre d’encouragements que j’ai reçu de la part de tous ces bénévoles (j’ai répondu à beaucoup d’entre eux, mais j’avoue que parfois je ne pouvais pas répondre. J’étais quelque peu enfermé dans ma bulle). Encore bravo à eux et merci.

Remerciements

Je remercie toutes les personnes (il me sera difficile ne pas en oublier) qui m’ont adressé des messages via les réseaux sociaux ou par SMS pour m’encourager. Pour ne citer qu’eux je veux parler de Mike, Maxime, Fabrice, Bruno, Marco, Guillaume, Sabrina, Alexandre, Benjamin, Corinne, Lolo, Christophe C., Christophe D., Christophe V., Constance, etc. Je remercie également ceux qui étaient présents ce jour là et qui ont su se placer à des endroits stratégiques pour m’apporter leur soutien comme Valentin, Marc et leur père de Valentin, Nathalie et Olivier (surtout dans la côte de Pallon), Stéphane et sa famille (que j’ai très régulièrement vus sur le marathon, cela était un réel bonheur), quelques athlètes du club de Sens, Juliette et Valentin, Sylvie A. et Sylvie B. pour leur aide tout au long de la semaine mais surtout Caroline qui, pour la petite anecdote, ont été stoppés par la gendarmerie à 10 kilomètres du sommet de l’Izaord et pour pouvoir nous voir au sommet, n’ont pas hésité à marcher les 10 derniers kilomètres d’ascension dans le froid et la pluie. À vous tous je vous dis un grand merci.

Résultat :

  • 1300 inscrits ;
  • 690ème / 1067 arrivés ;
  • 90 athlètes ont abandonné ;
  • 58 athlètes ne sont pas venus ;
  • 1 disqualifié ;
  • 69 athlètes hors délai ;
  • et 15 athlètes, je ne sais où ils sont passés…

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